Département de la Seine-Saint-Denis | La Culture et l'Art au Collège
Edition | Année parcours : 2024
Informations sur le parcours à la date du : 23/11/2024
LES ENTRAILLES DE MON COLLEGE
Coordonnées du collège
- Collège affecté : Collège International
- Ville : NOISY-LE-GRAND
- Classe : 4ème
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Coordonnées de la structure
- Nom de la structure : Addoc
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Coordonnées de la personne ressource
- Identité : Madame Sylvie Boskowitz
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1. Articulation avec un processus de création :
Le parcours a un lien avec la création / le projet scientifique en cours ou à venir
Projets en cours ou à venir de l'intervenant.e menant le parcours
- Après avoir réalisé des films dits « sociaux » (ON TRAVAILLE POUR QUOI -1996), je réalise depuis des films au long cours qui s’attachent à décrire la façon dont la Grande Histoire façonne les individus et les groupes sociaux (CE QU’IL EN RESTE -2005, EN REMONTANT LES VIEILLES ROUTES -2012, TONTON JACOBINE -2018). Parallèlement, j’ai commencé à animer des ateliers cinéma auprès des jeunes, j’y trouve le sens et la nécessité. Ces ateliers sont donc une part entière de mon engagement d’artiste et non un « à-côté » des « vrais projets ». Depuis la grande grève de 1995 (La Grève éternelle, TV Epinal 1999), je continue de filmer les grandes grèves de cheminots de la gare du Nord (2007-2010-2014-2018-2019-2023…), dans l’idée de réaliser une sorte de fresque sociale d’un des derniers bastions de la Résistance… Je suis par ailleurs engagée en Hongrie dans le dernier volet d’une série de longs-métrages documentaires («Tonton Jacobine », « Tales of Teleki Square », « Semence noire », diffusés en festivals et à la télévision hongroise (Duna TV, 2018-2024) qui explore à travers une communauté alliant désormais quatre générations, la trajectoire d’une population juive hongroise pauvre et cosmopolite dans un quartier central de Budapest, que je filme depuis 20 ans. Depuis 2003, je traque dans l’architecture et l‘urbanisme de ce quartier ce qui garde trace ou au contraire efface, la mémoire méconnue de cette population. Par ailleurs, j’ai un projet en cours d’écriture et de repérages sur un territoire du Sud de la France auquel je suis attachée par mes racines, qui croisent de près celles d’un groupe d’écrivains de l’entre-deux guerres. Ces films ont en commun d’être très intimement ancrés dans un territoire, de le questionner, de le portraiturer en creux des personnages qui l’habitent. C’est le point de jonction thématique avec cet atelier et c’est une question pour moi renouvelée à chaque film que celle du portrait des lieux, protagonistes des films choraux.
Articulation du parcours avec ces projets
- • J’ai souvent été amenée à travailler comme photographe et vidéaste auprès d’architectes/urbanistes, pour rendre compte d’un travail, ou au stade de la projection, en participant à des concours. Cette expérience m’a ouvert un champ qui m’était assez inconnu et j’ai envie aujourd’hui de partager cette découverte avec les collégiens : comment on pense et fabrique la ville, nos bâtiments, nos vies à l’intérieur, quelles sont les dynamiques que recouvrent « les travaux » dont le bruit et l’odeur emplissent nos trajets et nos entre-deux. L’actualité des J.O en Seine-St-Denis rend extrêmement palpable cette dimension qui reste pourtant abstraite à ses premiers usagers. Mon expérience et mon carnet d’adresses dans le « milieu » me permettent ainsi d’envisager emmener les élèves à la rencontre des professionnels. Un chantier a de surcroît le mérite d’imposer une chronologie, dimension précieuse qui simplifie la narration et le montage dans le cadre d’un film d’atelier. Ce dispositif permet d’aborder des formes communément utilisées dans le documentaire : l’interview, le cinéma direct, le commentaire. Il recourt à de multiples outils artistiques de description (photo, dessin, peinture...) et les différentes échelles à l’œuvre dans un chantier sont un beau défi pour l’image, offrant toutes situations d’apprentissage des cadrages, de la perspective, de la prise de son. Sans parler de la visible omplexité sociale, de l’éthique de l’architecte aux conditions de travail des ouvriers, en passant par l’analyse sociologique du terrain. Les jeunes seront tour à tour acteurs et auteurs, se posant d’abord les questions à eux-mêmes avant de retourner leurs outils vers d’autres (ce qui exigera d’eux un travail de « casting » documentaire), puis de mise en scène. Les élèves prendront en main le matériel. Et ce n’est pas là qu’un choix pédagogique : dans presque tous mes films la caméra finit par changer de main, signe que le langage lui-même se partage aux côtés de l’idée.
2. Construction du parcours (pendant le temps scolaire et avec une classe donnée)
Résumé en 4 lignes du parcours (thématique, contenu et objectifs du projet)
- Dans le contexte d'une future transformation que connaîtra le CLIEP à partir de l’été 2024, emmener les collégiens, en nous appuyant sur l’exemple concret d’un projet architectural ou urbanistique, à la découverte des grandes questions qui président à l’édification d’un bâtiment et des différents points de vue à prendre en considération.
Accompagnement des enseignant.es
Co-construction du parcours avec les équipes pédagogiques : méthodologie (préparation, groupe de travail, présentation des intervenant.es, ressources mises à disposition des professeur.e.s)
- Le projet se déroulera les lundis après-midi durant deux séances de 45 minutes soit 1h30 consécutives.
Le projet sera mené par deux enseignantes d'arts plastiques et de lettres.
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Après un échange avec l’intervenante en avril-mai pour rédiger le projet, nous souhaitons prendre le temps en juin (après validation) d'établir un calendrier prévisionnel des séances d'atelier afin de construire ensemble les objectifs spécifiques des ateliers.
Il est important, pour nous enseignantes, d'intégrer les élèves à la l’édification du projet. En fonction de leurs découvertes, de leurs recherches... il se peut que nous devions adapter le contenu des ateliers. Après une présentation de nos objectifs et des compétences visées, les élèves seront forces de proposition.
Chaque semaine, les enseignantes feront le point sur le déroulement du projet et en informeront la documentariste en amont de ses interventions.
La fluidité sera au cœur de notre co-"animation" afin que les élèves comprennent que le projet est un travail global nourri par trois entités : élèves / professeures / intervenante.
L’intervenant.e a t-il.elle déjà mené un parcours CAC ou AGORA lors des éditions précédentes ? Si oui, précisez dans quel collège, la ville et ce qui motive le renouvellement de sa candidature.
- J’ai mené 2 parcours CAC deux ans de suite au Bourget (Didier Daurat, 2016-2018), puis à la Courneuve (Jean Vilar, 2019-2020), puis 5 parcours CAC dans plusieurs collèges du 93 (2021-2022) puis un parcours CAC à Pantin (Jean Lolive, 2022-2023) et un parcours CAC à Neuilly-Plaisance (Jean Moulin, 2023-2024). J’enseigne aussi le cinéma et la photo en primaire depuis 7 ans. Auparavant j’ai animé des ateliers auprès de personnes en situation de handicap. J’adore cette activité à laquelle je reconnais tout le Sens que nos objets filmiques rescapés du formatage ont désormais tant de mal à endosser, destinés à un public inerte (qui n’est plus, lui, à conscientiser, ou ne sait plus que faire de sa conscience). Depuis la crise du Covid, la démultiplication des écrans a créé des failles vertigineuses entre les êtres et s’est immiscée jusque dans la capacité à la curiosité, ce qui renouvelle tragiquement le sentiment de nécessité avec lequel j’aborde ces ateliers. Il y a plus que jamais urgence à aller regarder de l’autre côté de l’image et du récit, ce qui les motive et les façonne. Plus que jamais urgence à rétablir des relations analytiques entre des éléments qui se trouvent paradoxalement déconnectés chez ces jeunes abreuvés d’images, dans une succession de bulles étanches.Je crois enfin que ce travail, occasionnant des rencontres pleines et entières qui n’ont pas lieu souvent dans une scolarité, laisse des traces et s’avère profond (au moins avec certains). L’outil documentaire est formidable pour articuler une pensée critique sur son environnement, son quartier, son pays. Et l’on manque de cadres pour entendre le point de vue des habitants qui vivent sur le long terme les mutations que connaît le 93 pour l’accueil des JO. Donner la parole et le regard aux collégiens de ces quartiers et à leurs familles m’intéresse donc à titre personnel, comme cinéaste et comme citoyenne et j’espère que leur point de vue intéressera également les professionnels concernés sur le terrain.
L'atelier construit et encadré par l'artiste / le scientifique se déroule sur une durée d'environ 20 heures
Les ateliers (environ 20h) doivent être détaillés et le nombre d’heures, pour chacun d’eux, indiqué
- Nous travaillerons à partir du projet architectural d'extension du collège. Nous irons interviewer les architectes, les ouvriers, les futurs usagers et filmer les étapes du chantier. Les Séances 1 et 2 (2x2h) seront consacrées à l’écriture documentaire, alternant analyse de films, réflexion sur les choix cinématographiques et première approche concrète de la technique (débats autour des films, enregistrés par les élèves). Séance 3 (2H) : Découverte de la photographie. Nous aborderons le cadrage et la lumière d’abord à travers le langage photographique et la bande-son séparément de l’image, pour favoriser le développement d’une pensée active. Chacun réalisera un carnet de bord : il y racontera son vécu de l’expérience avec les moyens de son choix (écriture, photos, dessins, recherches). Nous incorporerons ensuite certaines de ces images au film final. Séance 4 (1H30) : Retour sur les photos et les sons engrangés. 1ère écriture du « scénario ». La séance 5 (2h) sera dédiée à un premier tournage, analysé en séance 6 (1h30), grands principes du montage. La séance 7 (1h30) sera consacrée au scénario, les séances de tournage se caleront sur le calendrier du chantier (environ 3x2h), intercalées par des séances de montage (au minimum 2x1h30) précédant le tournage suivant et durant lesquelles nous aborderons toutes les questions d’écriture du film, jusqu’à celle de l’utilisation ou non, du rôle et du choix de la musique. L’avant-dernière séance (1h30) sera dédiée à l’écriture du commentaire, en passant par l’analyse d’extraits de films racontant en/sans voix-off l’histoire d’un quartier. La dernière séance permettra de faire le bilan entre nous, de valider les choix de montage et d’exposition, d’écrire les légendes des photographies et les cartons du film.
Les sorties développent et mettent en perspective l'univers artistique / culturel de l'artiste / du scientifique et sa pratique
Les sorties (environ 10 heures) sont en lien direct avec le projet et permettent d’enrichir le contenu. Elles développent et mettent en perspective l’univers professionnel de l’intervenant.e et sa pratique.
- • Les sorties répartiront leur apport sur la forme et sur le fond, même si l’orientation artistique sera toujours privilégiée. Les participants les documenteront systématiquement par la photographie et le croquis. Au demeurant, le projet en lui-même implique de nombreuses « sorties » effectives du collège, au-delà des sorties spécifiquement culturelles détaillées ici.
• On découvrira un film dans un festival de cinéma documentaire, un auteur qui l’accompagne et également si possible un autre intervenant, pour initier in situ à l’application des points de vue dans un débat. Ce pourrait être au Cinéma du Réel au Centre Georges Pompidou. Nous en profiterons alors pour regarder également le bâtiment et évoquer son histoire avec un historien d’art.
• Une promenade photographique sera proposée avec un urbaniste cultivant une approche originale de la consultation publique (un membre de l’association Polymorph, qui développe des outils ludiques pour amener les habitants à prendre position sur et dans leur quartier). C’est une manière d’épauler les élèves dans leur découverte, en les incitant à troquer leur regard quotidien contre un regard appliqué de chercheur et de regardeur. Nous filmerons / photographierons / dessinerons cette sortie pour l’incorporer ensuite aux journaux de bord et au film, ce qui nous permettra de situer le chantier dans son quartier pour un spectateur vierge.
• La visite de la cité de l’Architecture est également prévue, avec la participation à l’un de ses ateliers destinés aux jeunes, qui sont particulièrement intéressants. Ici aussi les élèves en profiteront pour filmer, dessiner et photographier, improvisant eux-mêmes des commentaires que nous enregistrerons. L’architecte de notre projet ou l’un de ses proches collaborateurs se joindra si possible à cette sortie et fera le lien entre la grande échelle du « savoir » architectural et son application à un projet particulier.
L'analyse critique permet d'expliciter la démarche de l'artiste / du scientifique et le sens du projet
Les temps de réflexion / débats sont animés par les intervenant.e.s et les enseignant.e.s. Ils permettent aux élèves de développer leurs connaissances et d’approfondir une thématique. Ils offrent un espace de débat et de réflexivité sur le projet en cours. Des intervenant.e.s ponctuel.le.s peuvent également animer certaines séances.
- Les séances de réflexion alterneront visionnage de films portant haut et fort leur écriture non masquée par la thématique, recherche documentaire, travail de rédaction et analyse critique des carnets de bord puis des pré-montages. Ces temps resteront concrets, aux antipodes d’un cours théorique et comporteront toujours un volet pratique (dessin, photo, enregistrement). Nous ferons intervenir ponctuellement d’autres adultes, venus de différents champs des arts et des sciences humaines pour mener ces temps de réflexion (architecte/urbaniste, paysagiste, monteur, sociologue, historien d’art). Par exemple un chercheur en sciences de l’éducation introduira les participants aux techniques de l’entretien en sociologie, à partir d’un exemple qu’ils réaliseront ensemble autour de leur relation avec leur quartier (il interroge les élèves, les élèves l’interrogent). Des extraits de films seront montrés, permettant d’aborder de multiples solutions choisies par des cinéastes soucieux de se démarquer du reportage et d’affirmer un point de vue d’auteur. On pourra ainsi introduire des formes contrastées et surprenantes, d’un accès plus difficile dans la longueur, mais qui, présentées en extraits, prennent la valeur d’outil progressif pour la pensée. Nous montrerons de nombreux extraits de films autour de la question du territoire, de l’écologie, mais pas uniquement, et nous encouragerons les professeurs associés à montrer d’autres extraits plus étroitement liés à leur discipline, que nous leur suggérerons et qui permettront d’approfondir durablement la relation des élèves (et des enseignants !) avec le médium du film documentaire. Un travail sur les carnets de bord sera mené par le professeur d’arts plastiques, qui leur proposera différentes techniques pour réaliser cette mémoire papier de leur recherche enquête. Au cours de l’année, un intervenant viendra également donner un cours pratique de dessin spécifiquement sur le croquis d’architecture sur papier et sur ordinateur.
La restitution, temps de cloture du projet
Un temps de restitution/valorisation et un temps de clôture/bilan du parcours permettent de mettre en partage le travail mené et d'encourager la réflexivité.
- • Deux projections au moins du film auront lieu en fin d’année : la première se tiendra au sein du collège et réunira les protagonistes et les différents intervenants, les familles et les élèves, le personnel et les autres élèves de l’établissement. La seconde aura lieu dans un cinéma du 93, probablement Le Bijou à Noisy-le-Grand) et réunira au minimum les différents collèges et les différentes classes dans lesquels l’association Addoc aura mené un parcours cette année.
• Un temps de parole sera prévu à l’issue de ces projections : lors de la restitution au collège, les collégiens émetteurs verbaliseront leurs découvertes, évalueront leur propre travail, tandis que les spectateurs formuleront leurs émotions diverses, avec un temps spécifique prévu pour les protagonistes qui feront un retour sur le film final par rapport à leur expérience du tournage. Le ou les professeurs concernés seront amenés à s’exprimer sur leur propre vécu du travail effectué et ses enseignements. Nous enregistrerons ce débat, afin de définir les idées qui méritent d’être reprises et soumises au public élargi lors de la seconde projection.
• Lors de la seconde projection, nous inviterons également d’autres cinéastes et d’autres architectes/urbanistes, ainsi que des habitants du quartier, auxquels nous donnerons la parole après le film, aux côtés des élèves. Les élèves feront ainsi l’expérience que fait tout cinéaste lorsque son « bébé » s’émancipe et se retrouve jeté en pâture au regard d’inconnus, même bienveillants… Cette soirée de clôture sera ainsi un véritable carrefour des regards, faisant partie intégrante du processus de l’atelier.
• Parallèlement à la projection, un choix de photographies légendées par les élèves et des extraits de leurs journaux de bord sera exposé en fin d’année dans différents lieux publics (pourquoi pas, soyons fous, sur les façades du chantier ?).
• Une archive articulée du travail sera en outre conservée au CDI du collège, consultable par les enseignants et intervenants des années suivantes, ainsi que par les élèves.
Implication active des collégien.nes dans le processus (dimensions participative et inclusive)
Dimensions participative et inclusive (contenu du parcours et méthodologie)
- • Les élèves sont acteurs et auteurs d’un bout à l’autre du processus et leurs carnets de bord en est la 1ère traduction plastique. Ils prennent en main le matériel et sont associés de près à la fabrication de l’objet filmique, y compris à la phase de montage. Et ce n’est pas là qu’un choix pédagogique ; c’est aussi que dans presque tous mes films, la caméra finit par changer de main à un moment donné, signe que le langage lui-même se partage aux côtés de l’idée. Le dispositif renforce d’ailleurs encore cette dimension participative, en donnant à chacun un espace individuel d’expression et à tous la responsabilité d’un regard d’ensemble sur le film final. En outre, chacun est appelé à mener un travail d’enquête auprès de sa famille et de ses voisins, enquête qui sera prolongée de concert avec les professeurs et les intervenants, par une recherche documentaire élargissant de la petite vers la grande échelle.
• D’un point de vue méthodologique, les jeunes non seulement visionnent, critiquent, écrivent, enregistrent, dessinent, photographient, filment, réécrivent, mais ils sont invités à établir des liens entre les éléments artistiques, sociologiques, historiques véhiculés par les films et leur propre expérience. Ils sont en outre amenés à rédiger des textes à partir des films et des entretiens sonores ainsi qu’à choisir des photos et des rushes (exercice particulièrement difficile et formateur pour l’esprit).
• Enfin, cette proposition permet réellement de « faire groupe » dans le processus du tournage, tout en faisant la part belle à l’expression individuelle qui s’exprime notamment dans les carnets de bord, que j’incite à réaliser tout au long de l’année par chacun des participants, enseignant et intervenante compris.
Prise en compte de l’égalité Femmes-Hommes au sein du parcours (sous quelle forme, avec quels outils… ?)
La thématique de l'égalité femmes-hommes est-elle abordée au sein du parcours? De quelle(s) façon(s) la méthodologie de travail permet-elle de prendre en compte les enjeux de l'égalité femmes-hommes ?
- • Le projet offrira nécessairement de nombreuses occasions de se poser des questions autour de l’égalité Hommes-Femmes, notamment par le biais des films visionnés et par celui des réalités du terrain. D’expérience, c’est d’ailleurs une thématique qui revient très rapidement sur le devant de la scène dès lors que l’on engage des discussions après les visionnages.
• En outre, ce sont également souvent les mères qui se déplacent dans les collèges pour nous rendre visite, les pères étant encore le plus souvent au travail ou absents. Jusque sur l’écran, ce sont souvent elles qui sont filmées et/ou enregistrées.
• Dans la mesure où notre projet suppose d’aller d’abord à la rencontre de la parole des habitants, nous entendrons donc avant tout des points de vue de femmes et de mères, qui orienteront dès lors certaines de nos lectures, notamment en ce qui concerne les espaces publics destinés aux enfants.
• D’une manière générale, cet atelier amène les élèves à réfléchir sur les places que chacun occupe dans la société, de même que dans la famille ou au collège, et y compris dans la projection vers le monde du travail. Celui que nous allons découvrir est un monde encore très masculin et très hiérarchisé, qui ne manque pas de crier ses inégalités de genre.
• D'autre part, nous veillerons à l'équilibre des prises de parole dans la classe et à ce que chacun.e puisse s'exprimer et partager son ressenti, nous appuyant en cela fortement sur le travail en petits groupes qui délie les langues comme les oreilles et défait les effets de potentat en vigueur. Le cinéma et sa pratique horizontale place d’ailleurs souvent tous les participants devant le fait accompli d’une égale nudité face à l’objectif, abolissant aussi bien les sexes que les âges et autres catégories.
Intégration de mesures liées à la transition écologique
Avez-vous mis en place, dans votre structure ou dans la mise en œuvre de vos projets des mesures spécifiques liées à la transition écologique ? Et comptez-vous mettre en place des mesures spécifiques dans le cadre du parcours déposé ?.
- Le projet proposé traitera de fait de mesures concrètes liées à la transition écologique, telles qu’elles sont appliquées (ou non) dans le domaine de la construction. Les élèves seront amenés à réfléchir, à comprendre et à enquêter sur les dimensions scientifiques à l’origine des choix de mise en œuvre.
En outre, il se trouve qu’à titre individuel j’anime en école élémentaire depuis deux ans un atelier autour de l’écologie. Je me suis donc particulièrement familiarisée avec cette thématique et surtout avec la façon de l’aborder avec les plus jeunes.
En outre, pour avoir notamment travaillé pendant cinq ans à la réalisation de l’émission scientifique d’Arte, Archimède, et pour avoir dans ce cadre réalisé de nombreux sujets environnementaux, puis réalisé un 52 minutes sur les systèmes de dépollution naturelle du lac Balaton, sans être devenue une cinéaste « spécialiste » de l’environnement, je ne suis pas novice en la matière et je propose en atelier, quelle que soit sa thématique, de nombreux films ayant trait à cette question. Cette année en particulier, le sujet choisi portant sur le façonnement du territoire, la problématique de la transition écologique sera nécessairement au cœur des débats.
Pour aborder les questions aussi bien techniques, artistiques que morales et déontologiques autour de la notion de point de vue, je me sers en outre presque toujours dès le début de l’année des photographies de Sebastiao Salgado, montrant ce qu’elles révèlent de son engagement personnel.
Dans le détail, j’attire toujours l’attention des élèves sur l’intérêt d’utiliser la lumière naturelle chaque fois que cela est possible, de même que des piles rechargeables, d’économiser l’énergie des batteries et des chargeurs en ne les laissant pas allumées ni trop longtemps sur secteur etc. Nous marchons à pied, nous prenons le métro, nous utilisons tous les vieux appareils poussiéreux oubliés dans les placards des collèges à attendre leur obsolescence, nous photographions la nature dans la ville et l’omniprésence des déchets, le détail des matières présentes sur le chantier et dans l’espace urbain, nous travaillons activement à la prise de conscience…
Implication active de la famille dans le parcours
Les parents sont conviés à un temps de présentation et / ou aux temps forts du parcours (sorties, restitution…).
- Les parents seront conviés à un temps de présentation assez tôt dans l’année, dans lequel nos attentes vis-à-vis d’eux leur seront exposées. Les jeunes seront invités à interroger eux-mêmes leurs parents sur leur vécu du quartier et de ses transformations et certains parents viendront en témoigner au collège devant caméra et/ou micro. Souvent, un seul membre de la famille est susceptible de se déplacer au collège aux heures ouvrables et la discussion devra donc avoir été préparée par l’élève de telle sorte que les points de vue des autres membres de la famille puissent aussi être entendus en leur absence. Des questions auront été préparées par les élèves de la classe pour les représentants de la famille, à partir d’un travail documentaire fait avec le professeur et/ou la documentaliste.
Le professeur principal évoquera régulièrement le projet avec les familles à chacune de leurs rencontres, comme par exemple à l’occasion des remises de bulletins. Nous n’excluons pas que les parents volontaires nous adressent directement leurs appréciations par le biais du cahier de bord de leur enfant ou par un enregistrement sonore.
Les parents seront ensuite évidemment conviés aux deux restitutions, de même qu’aux sorties, s’ils souhaitent nous accompagner.
Le parcours propose des modalités innovantes visant à favoriser l’implication et la participation des familles.
- • Les familles seront très impliquées dans cette proposition. Dans l’entretien sonore préliminaire que le jeune réalisera avec la personne choisie comme interlocutrice, il s’attachera à élargir son questionnement jusqu’aux origines de l’implantation de la famille dans le quartier. Il prendra le temps de faire décrire avec précision les usages et les géographies par lesquels la personne est impliquée dans le territoire urbain concerné. C’est sur la base de cette précision que les élèves de la classe seront à même ensuite d’identifier et de choisir les personnes les plus pertinentes à filmer, ainsi que les problématiques à creuser. Ces éléments permettront également de lancer les recherches documentaires associées.
• La personne choisie se déplacera ensuite une fois au collège pour discuter avec les élèves de la classe, les professeurs impliqués et l’intervenante. Si le parent ne parle pas ou pas bien le français, son enfant sera chargé de la traduction (éventuellement épaulé d’un autre élève du collège maîtrisant lui aussi les deux langues et nous filmerons ce processus de traduction). Enfin, les familles pourront également proposer des images complémentaires pour agrémenter le tournage (photos et archives personnelles, documents historiques, objets…)
• Cela occasionnera un dialogue entre parents et enfants lors de la préparation qui pourra s'avérer fort riche dans la transmission, au-delà même des intérêts propres de l’atelier et de son film. La rencontre avec les parents des autres, quant à elle, contribue fortement à décloisonner l’univers de la classe en le rapprochant de la sphère familiale, en réintroduisant de l’intime dans la machine de l’éducation nationale…
3. Co-construction du parcours
Liens avec les différentes entrées du projet d'établissement et notamment de son volet culturel ou de son volet lié à la citoyenneté. Les axes du projet d’établissement auxquels il est fait référence sont explicités et le parcours a pour ambition de s'ouvrir à l'ensemble de l'établissement (rencontres avec d'autres classes, liens avec d'autres projets, chantiers d'étape ...).
- • Le projet s'inscrit dans le volet culturel de notre établissement, notamment dans les deux axes de l’EAC que sont la rencontre directe et sensible avec les œuvres, l’initiation à une pratique artistique et l’acquisition de connaissances ; le partenariat avec les ar-tistes et les structures culturelles.
• Le projet d'établissement met en avant le critère d'ouverture qui doit caractériser l’état d’esprit des élèves futurs citoyens. Cet atelier s’attelle justement à « décloisonner » les savoirs et les arts pour permettre aux élèves de poser un regard éclairé sur le monde et leur environnement proche, développer leur esprit critique et devenir les acteurs de leurs projets. Il favorise leur autonomie et leur initiative, les fait grandir en leur donnant à entrevoir l’envers du décor.
L’Espace Numérique de Travail du collège, est-il utilisé pour faciliter l’organisation du projet et/ou comme support de communication et de valorisation ?
- Notre établissement est un collège numérique. Chaque élève possède un accès personnel à l'ENT afin de travailler quotidiennement avec cet outil numérique. La salle d'arts plastiques dans laquelle se dérouleront majoritairement les séances d'atelier est équipée de 4 ordinateurs fixes et prochainement d'un chariot de tablettes permettant un accès rapide à l'ENT.
Notre ENT permet notamment de poster les documents du cours et de récupérer les productions des élèves. L’Espace Numérique de Travail du collège sera ainsi utilisé comme une plateforme pour mettre en commun les journaux de bord sous la forme d’un blog de l’atelier, que les professeurs et l’intervenante nourriront à leur tour autant que les élèves. L’équipe éducative et les familles pourront ainsi avoir un accès direct aux éléments produits au fur et à mesure dans l’atelier.
Les enseignant.es souhaitent-ils.elles s’investir dans les médias départementaux pour rendre compte des expériences et productions des élèves ?
Liens du parcours avec les enseignements, les objectifs pédagogiques (par discipline)
- En arts plastiques, les objectifs visés seront d'amener les élèves à se questionner sur le médium vidéo. Quoi cadrer (le sujet) ? Comment cadrer (forme) ? Pourquoi réaliser (projet) ?
Amener les élèves à recourir à des outils numériques de captation et de réalisation à des fins de création artistique.
Amener les élèves à mener à terme un projet.
Amener les élèves à exploiter des informations et de la documentation, notamment iconique, pour servir un projet de création.
Amener les élèves à s'interroger et situer œuvres et démarches artistiques du point de vue de l’auteur et de celui du spectateur.
En français, les objectifs visés seront d'amener les élèves à réfléchir aux contenus des interviews et à rédiger les interviews.
Amener les élèves à adopter des stratégies et des procédures d'écriture efficaces.
Amener les élèves à créer et utiliser un support numérique comme appui efficace pour la parole (la sienne et celle d'autrui).
Application MICACO | Date : 23/11/2024