Département de la Seine-Saint-Denis | La Culture et l'Art au Collège

Edition | Année parcours : 2024

Informations sur le parcours à la date du : 21/11/2024

CINÉMAS DU MONDE

Coordonnées du collège
  • Collège affecté : Collège Federico Garcia Lorca
  • Ville : SAINT-DENIS
  • Classe : autre 
Coordonnées de la structure
  • Nom de la structure : Addoc
Coordonnées de la personne ressource
  • Identité : Madame Sylvie Boskowitz

1. Articulation avec un processus de création :

Le parcours a un lien avec la création / le projet scientifique en cours ou à venir

Projets en cours ou à venir de l'intervenant.e menant le parcours
  • • Je suis engagée en Hongrie dans le dernier volet d’une quadrilogie de longs-métrages documentaires (dont j’ai terminé les 3 premiers items « Tonton Jacobine », « Les Contes de la place Teleki » et « Semence noire », diffusés en festivals et à la télévision hongroise – le dernier opus devant l’être prochainement sur la Duna TV) qui explore depuis 20 ans et à travers une communauté alliant désormais 4 générations, la trajectoire d’une population juive hongroise pauvre de Budapest. Je viens en outre de terminer une série documentaire de 4x1h sur les survivants juifs de Budapest dans la 2nde guerre mondiale. Adepte du long terme, après avoir réalisé le 52mn En remontant les vieilles routes (Public Sénat, 2012), je poursuis le travail avec les enfants de mon personnage – désormais décédé - prisonnier de guerre juif français (en Allemagne, en Pologne et en Russie), qui donnera naissance à un long-métrage documentaire en 2025. Après un 1er film réalisé dans la grève de 1995 (La Grève éternelle, TV Epinal 1999), je continue depuis de filmer les grandes grèves de cheminots à la gare du Nord, dans l’idée de réaliser une fresque sociale d’un des derniers bastions de la Résistance. Rencontrer en profondeur une cinéaste travaillant sur la longue durée est un vrai dépaysement pour ces générations prises dans l’immédiateté des réseaux sociaux, et réciproquement. J’ai aussi des projets en écriture qui se tournent aujourd’hui vers la fiction. Dont un en particulier, qui s’appuierait sur la somme des matériaux d’une réflexion entre image et éducation rassemblée à travers ces ateliers. Aller à la rencontre de cinématographies qui ont contribué à forger la culture de mes interlocuteurs m’est utile pour préciser son écriture, et cela m’ouvre à nouveau le champ de la fiction que j’avais un peu délaissé depuis toutes ces années plongées dans le documentaire. Je cherche donc à élargir le champ de mes interventions avant (je mène aussi des ateliers en primaire) et après le collège.
Articulation du parcours avec ces projets
  • • Tous mes films se situent à l’intersection de l’intime avec la grande Histoire et mettent en scène, à travers différentes formes narratives, des histoires de transmission actives ou rompues entre les générations. La relation que chacun entretient avec ses origines, l’histoire de sa famille, sa mémoire et sa culture, est, comme ici, le point d’orgue de mes films. En animant des ateliers auprès des jeunes, je ressens une nécessité que je peine désormais à trouver dans ma vie de documentariste. Ces adolescents frâichement débarqués sont aux prises avec la double nécessité de se définir vis-à-vis d’eux-mêmes et vis-à-vis de la société dans laquelle ils font leurs 1ers pas. Leur prise de conscience est encore compliquée par la découverte d’une nouvelle langue et assaillie par les pratiques virtuelles instaurant une illusion de subjectivité. La pratique du cinéma s’avère alors une merveilleuse boîte à outils pour se construire soi-même au-delà des barrières du langage et construire du commun. Cet atelier les mène à mieux connaître leur propre histoire familiale, que pour la plupart ils n’ont pas encore osé questionner. J’ai moi-même parcouru ce chemin en cinéaste d’abord dans ma propre famille, puis à l’extérieur, auprès de familles putatives dont j’ai remonté le passé, avec la complicité des petits-enfants ou d’autres figures translationnelles. Je me passionne à tenter de transmettre ce geste existentiel qui se situe au cœur du cinéma documentaire. Pour les élèves allophones, passer par le langage artistique du cinéma et aussi des autres arts (la photographie, la peinture, dont je me sers pour faire découvrir les notions essentielles de l’image) est une manière de leur faire découvrir le pays et sa culture vivante. Pour nous, une manière de nous saisir de la richesse de cette diversité qu’ils nous apportent. Faire pénétrer les familles et leurs histoires au cœur de l’enseignement, une source de fierté et un outil d’intégration, une pleine expérience culturelle.

2. Construction du parcours (pendant le temps scolaire et avec une classe donnée)

Résumé en 4 lignes du parcours (thématique, contenu et objectifs du projet)
  • L’atelier propose un tour du monde du cinéma mettant l’accent sur les luttes d'émancipation. Chaque famille choisit un film pour « raconter son pays » et aborde par ce biais les grandes questions de la démocratie. Notre film sera fait des rencontres avec les familles, avec extraits des films, et « solos » dans l’intimité des photos d’archives familiales.

Accompagnement des enseignant.es

Co-construction du parcours avec les équipes pédagogiques : méthodologie (préparation, groupe de travail, présentation des intervenant.es, ressources mises à disposition des professeur.e.s)
  • Cet atelier impliquera plusieurs enseignants au côté de l’intervenante (la professeure principale en charge des élèves UPE2A, ainsi que la documentaliste, mais peut-être d’autres encore, comme le professeur de musique, la professeure d’arts plastiques ou le professeur de mathématiques, qui seront sollicités à des moments clé). Les classes UPE2A restant souvent avec le même professeur toute la matinée, cela facilite grandement le calendrier des interventions. La documentaliste se rendra alors disponible sur ce créneau pour une co-intervention permettant le travail en petits groupes. L’année prochaine, les premiers élèves à réintégrer le cursus normal partiront en janvier, ce qui nous incite à commencer l’année par la présentation des films des familles concernées, que les professeures connaissent déjà et qu’elles recevront donc dès la rentrée, pour leur présenter le projet. L’artiste ayant déjà travaillé avec cette équipe pédagogique et la rencontre ayant été riche des deux côtés, nous avons souhaité réhitérer notre collaboration. Nous croyons que le chemin parcouru ensemble (humain et pédagogique) va nous ouvrir une manière de fonctionner rapide et stimulante. Nous n’hésiterons pas à diviser la classe en petits groupes, répartis entre les trois intervenantes principales pour faire avancer le projet dans la meilleure adéquation avec la personnalité, la langue d’origine, le niveau d’anglais et de français de chacun. Nous avons pu en effet constater que nous parlons toutes trois des langues différentes, qui nous permettent de faciliter l’accès aux familles et aux enfants, notamment au moment de la clarification des enjeux. Une réunion sera organisée avec toutes les familles vers la Toussaint, en présence de l’artiste, qui sera enregistrée par les enfants. Nous prévoyons de consacrer un temps systématique entre chaque atelier pour faire le point et rééquilibrer les apports en vue de l’intervention suivante. La méthodologie proposée impliquant l’usage régulier de matériel technique et si possible pour tous les élèves, nous avons inventorié le matériel disponible au collège susceptible d’appuyer le matériel apporté par l’intervenante. Il existe au collège des appareils photo de bonne qualité pouvant servir à la photographie, ainsi que du matériel sonore, servant pour un atelier radio. L’équipe pédagogique se procurera un disque dur et une clé usb pour faciliter le transfert des fichiers avec les familles, qu’il s’agisse des rushes de nos tournages ou des archives photographiques (et pourquoi pas filmiques ?) que les familles nous confieront.
L’intervenant.e a t-il.elle déjà mené un parcours CAC ou AGORA lors des éditions précédentes ? Si oui, précisez dans quel collège, la ville et ce qui motive le renouvellement de sa candidature.
  • • J’ai mené 2 parcours CAC consécutifs au Bourget (2016-2018) puis à la Courneuve (Jean Vilar 2019-2020), 5 parcours CAC dans différents collèges (dont 4 avec des UPE2A et l’un au collège Garcia Lorca de Saint-Denis avec la même équipe qu’aujourd’hui), un parcours CAC à Pantin (Jean Lolive, 2022-2023) et un parcours CAC à Neuilly-Plaisance (Jean Moulin, 2023-2024). J’anime aussi des ateliers cinéma et photographie en primaire et auprès de personnes en situation de handicap. J’adore cette activité à laquelle je reconnais tout le Sens que nos objets filmiques rescapés du formatage ont désormais tant de mal à endosser, destinés à un public inerte (qui n’est plus, lui, à conscientiser, ou ne sait plus que faire de sa conscience). L’expérience auprès des UPE2A est particulièrement vivifiante, m’obligeant à des contorsions qui me réjouissent, forçant mon inventivité et ma capacité d’adaptation. Bien que la tâche ait été compliquée par la non-maîtrise du Français et surtout par les arrivées et les départs échelonnés tout au long de l’année, un travail profond a lieu et est l’occasion d’une vraie rencontre dont j’ai la faiblesse de croire qu’elle pourra laisser ici et là des traces un peu durables. L’outil documentaire pour ces grands enfants transplantés est formidable pour articuler une pensée critique sur leurs parcours et il relève si fondamentalement de la découverte de l’être au monde, qu’il leur semble particulièrement destiné. Enfin, il s’agit d’élèves souvent motivés, qui ne rechignent pas à s’emparer de ce nouvel alphabet pour le personnaliser, se saisissant volontiers d’une occasion qui les met en valeur dans leur intelligence et leurs talents divers, là où ailleurs ils sont mis en difficulté par la méconnaissance de la langue et des usages de leur nouveau pays. Eux et leurs familles sont porteurs d’une histoire très riche qui me nourrit pleinement, comme cinéaste et comme individu, aux prises avec les tribulations des grandes migrations en cours et à venir.

L'atelier construit et encadré par l'artiste / le scientifique se déroule sur une durée d'environ 20 heures

Les ateliers (environ 20h) doivent être détaillés et le nombre d’heures, pour chacun d’eux, indiqué
  • • L’atelier sera d’octobre à juin afin de saisir l’évolution linguistique et l’inscription progressive des jeunes dans leur nouveau milieu. Chacun tiendra un journal de bord pour faire parler sa subjectivité sur les films, dessiner et penser. Nous aborderons le cadrage et la lumière à travers la photographie et découvrirons à part la bande-son, pour encourager une pensée active. 2 séances (2x2h) seront consacrées à l’écriture cinématographique, alternant analyse, réflexion sur les choix cinématographiques et une 1ère approche concrète de la technique du son (à la faveur des présentations, notamment avec les parents en début d’année, et débats autour des films, qui seront enregistrés). La 3e séance (1x2h) sera dédiée à la pratique photographique (apprentissage de la place de la caméra, du cadrage et de la lumière). La séance suivante reviendra sur la maîtrise de la forme à partir des premières photos prises par eux et d’autres exemples choisis (1x2h). A partir de la séance 5, nous commencerons les tournages et réserverons une séance (la 8ème) à la découverte du dérushage et du montage (1x2h) permettant de travailler l’écriture définitive, de corriger les erreurs d’une projection à l’autre, et de lancer un processus poursuivi en classe par l’enseignante et à la maison par les participants (choix des extraits des films pour le montage). Les projections et les discussions associées n’auront pas toujours lieu dans la classe mais dans des espaces adaptés. Les élèves réaliseront tout au long de l’année des « images mémoire » des films visionnés, qui pourront être intégrées au film final et des entretiens préliminaires avec les familles, qui pourront au besoin compléter le tournage réalisé en atelier. Ils apporteront des photos de famille, qu’ils raconteront en petit groupe et qui permettront de rythmer le montage entre deux projections/débats.

Les sorties développent et mettent en perspective l'univers artistique / culturel de l'artiste / du scientifique et sa pratique

Les sorties (environ 10 heures) sont en lien direct avec le projet et permettent d’enrichir le contenu. Elles développent et mettent en perspective l’univers professionnel de l’intervenant.e et sa pratique.
  • • Les sorties - particulièrement riches pour des primo-arrivants - répartiront leur apport sur la forme et sur le fond, même si l’orientation artistique sera toujours privilégiée. • On découvrira un film dans un festival de cinéma documentaire, un auteur qui l’accompagne et également si possible un autre intervenant, pour initier in situ à l’application des points de vue dans un débat. Ce pourrait être aux Rencontres documentaires du Méliès, ou au cinéma L’Ecran de Saint-Denis, qui regorge de propositions. On demandera chaque fois aux participants de rédiger un texte sur le film dans leur carnet de bord (dans leur langue maternelle au besoin au départ, puis progressivement en français) • Nous visiterons une exposition ou un musée, qui reliera la thématique et la forme, privilégiant la possibilité d’une rencontre esthétique (les années passées, je citerais Boltanski à Pompidou et Salgado sur le parvis de La Défense, qui ont été de vraies réussites pour mes ateliers). Les participants sont invités à photographier les œuvres et à en choisir une, pour ensuite la présenter à la caméra en argumentant leur choix. • Une troisième sortie consistera en une promenade photographique dans Paris, orientée vers l’identification des points de vue. Pourquoi pas une découverte du Père Lachaise, avec ses grands noms et ses traces de l’Histoire de France, mais aussi ses chats, ses arbres fous et ses promeneurs plus ou moins spécialistes … ? Ou bien, on partira sur les traces des lieux de tournage d’un film français étudié en classe, en y recherchant les décors urbains, les positions de caméra choisies par le/la cinéaste. Le public de l’atelier sera quoi qu’il en soit invité à « cadrer » l’architecture, l’atmosphère d’un lieu, d’un quartier, à expérimenter les questions d’échelle et les problématiques sous-jacentes à une décision de tournage. Nous choisirons un quartier de Paris intramuros éloigné de la Tour Eiffel, qui est bien souvent le seul où nos participants se soient déjà rendus.

L'analyse critique permet d'expliciter la démarche de l'artiste / du scientifique et le sens du projet

Les temps de réflexion / débats sont animés par les intervenant.e.s et les enseignant.e.s. Ils permettent aux élèves de développer leurs connaissances et d’approfondir une thématique. Ils offrent un espace de débat et de réflexivité sur le projet en cours. Des intervenant.e.s ponctuel.le.s peuvent également animer certaines séances.
  • • Les séances de réflexion alterneront visionnage de films portant haut et fort leur écriture, recherche documentaire et analyse critique des carnets de bord puis des pré-montages. Des pairs issus d’autres champs des arts et des sciences humaines interviendront ponctuellement : monteuse, témoin, artiste, traducteur... Aux antipodes d’un cours théorique, ces temps comporteront toujours un volet pratique (dessin, photo, enregistrement). Chaque élève sera amené à porter un regard analytique sur ses propres productions et celles de ses camarades. Des extraits seront montrés, permettant d’aborder des solutions variées choisies par des cinéastes cosmopolites – on se livrera à l’analyse des films présentés par les jeunes et leurs familles éventuellement en compagnie d’une autre cinéaste d’Addoc pour qu’ils se rendent compte de la différence des points de vue, même entre techniciens. On introduira ainsi des formes contrastées et surprenantes, d’un accès plus difficile dans la longueur, mais qui, présentées en extraits, prennent la valeur d’outil progressif pour la pensée (un film avec une voix-off, un film avec un « je » personnage présent à l’image, un film en cinéma direct…). De la fiction, pas que du documentaire. • Les élèves auront été encouragés à documenter (c’est la caméra stylo) les expériences variées qui leur sont proposées (sport, théâtre, danse, sorties…) aussi bien durant les sorties liées notre projet qu’ailleurs dans leur scolarité, et ces temps de réflexion seront donc le moment de commenter les matériaux et de les choisir. Leurs propres images servant de support aux apports théoriques des intervenants. De même, les élèves appelés à enquêter à l’extérieur autour de l’histoire de leur famille et de leur pays (ces images et ces sons viendront nourrir les cahiers et les entretiens autour des projections de films) seront invités à se livrer à l’analyse, pouvant bénéficier de l’aide de la documentaliste pour approfondir leurs recherches en petit groupe.

La restitution, temps de cloture du projet

Un temps de restitution/valorisation et un temps de clôture/bilan du parcours permettent de mettre en partage le travail mené et d'encourager la réflexivité.
  • • Idéalement, deux projections du film auront lieu en fin d’année : Une au sein du collège, qui réunira les protagonistes, les familles, le personnel et les autres élèves de l’établissement et une dans un cinéma du 93 qui réunira au minimum les différents collèges et les classes dans lesquels l’association Addoc et ses complices (Reflets de demain) aura mené un parcours cette année. • Un temps de parole sera prévu à l’issue de ces projections : lors de la 1ère restitution, les collégiens émetteurs et leurs parents protagonistes verbaliseront leurs découvertes, évalueront leur propre travail, tandis que les spectateurs formuleront leurs émotions. Les enseignantes concernées seront amenées à exprimer un retour sur leur propre vécu du travail effectué et ce qu’elles ont appris. Cette restitution aura en outre le mérite de contribuer à décloisonner la classe UPE2A qui reste souvent un peu à l’écart dans les collèges, notamment en faisant pénétrer les familles au cœur du dispositif de l’enseignement. Nous enregistrerons ce débat, afin de définir les idées qui méritent d’être reprises et soumises au public élargi lors de la seconde projection. • Lors de la 2nde projection, nous inviterons d’autres cinéastes (et éventuellement aussi d’autres « spécialistes » choisis en fonction des thèmes travaillés par les films finaux), auxquels nous donnerons la parole après le film, aux côtés des élèves. Les élèves feront ainsi l’expérience que fait tout cinéaste lorsque son « bébé » s’émancipe et se retrouve jeté en pâture au regard d’inconnus, même bienveillants. Cette soirée de clôture sera ainsi un véritable carrefour des regards, faisant partie intégrante du processus de l’atelier. On tâchera d’organiser la présence de traducteurs pour cette séance et pour que les familles puissent s’exprimer plus librement. • Une archive articulée du travail sera conservée au CDI du collège, consultable par les enseignants et intervenants des années suivantes, ainsi que par les élèves.

Implication active des collégien.nes dans le processus (dimensions participative et inclusive)

Dimensions participative et inclusive (contenu du parcours et méthodologie)
  • • Les élèves (et non seulement eux, mais leurs familles) sont acteurs et auteurs d’un bout à l’autre du processus et leurs carnets de bord en est la 1ère traduction plastique. Ils choisissent les films, les présentent, prennent en main le matériel et sont associés de près à la fabrication de l’objet filmique, y compris à la phase de montage. Et ce n’est pas là qu’un choix pédagogique ; c’est aussi que dans presque tous mes films, la caméra finit par changer de main, signe que le langage lui-même se partage aux côtés de l’idée. Le dispositif renforce d’ailleurs encore cette dimension participative, en donnant à chacun un espace individuel d’expression et à tous la responsabilité d’un regard d’ensemble sur le film final. En outre, chacun est appelé à mener un travail d’enquête autour de l’histoire de son propre pays d’origine et de sa cinématographie, enquête qui sera prolongée de concert avec les professeurs, par une recherche documentaire élargissant de la petite vers la grande Histoire. D’un point de vue méthodologique, les jeunes non seulement visionnent, critiquent, choisissent, écrivent, enregistrent, dessinent, photographient, filment, réécrivent, mais ils sont invités à établir des liens entre les éléments artistiques, sociologiques, historiques véhiculés par les films et leur propre histoire. Ils sont en outre amenés à rédiger des textes à partir des films et des entretiens sonores (traduisant donc à la fois la langue et le médium), ainsi qu’à choisir des photos et des extraits (exercice particulièrement difficile et formateur pour l’esprit). A chaque étape, je leur soumets des prémontages sur lesquels ils s’expriment pour déterminer ce qui doit rester dans le film final, choisissent des musiques, écrivent et enregistrent des voix-off, traduisent au besoin en français ce qu’ils ont rédigé d’abord dans leur langue maternelle, rédigent les sous-titres nécessaires pour les extraits de films ou quand les familles ne maîtrisent pas le français.

Prise en compte de l’égalité Femmes-Hommes au sein du parcours (sous quelle forme, avec quels outils… ?)

La thématique de l'égalité femmes-hommes est-elle abordée au sein du parcours? De quelle(s) façon(s) la méthodologie de travail permet-elle de prendre en compte les enjeux de l'égalité femmes-hommes ?
  • • Le projet, axé sur la découverte de cinématographies internationales, offrira l'occasion démultipliée de questionner l’égalité Hommes-Femmes reflétée par les films. D’expérience, cette thématique revient très rapidement sur le devant de la scène dès lors que l’on engage des discussions après les visionnages, notamment avec les filles. En outre, ce sont souvent les mères qui viennent nous rendre visite dans les collèges, les pères étant souvent au travail ou absents. Jusque sur l’écran, ce sont souvent elles qui sont filmées. L'enseignante pourra à l’occasion développer un aspect concernant spécifiquement les femmes dans une certaine culture, mais nous ne souhaitons pas l’imposer a priori et plutôt rebondir sur ce qui émanera des choix des films. Je ne puis toutefois m’empêcher de penser notamment à la question de l’excision – apparue dans un film à l’occasion de mon 1er CAC - qui a provoqué des débats passionnés et salutaires chaque fois que j’ai décidé de le représenter, ou à celle, revenue systématiquement sur le tapis (et non dessous) de la place assignée aux femmes dans les religions. De façon générale, la dimension intime de cet atelier amène les élèves à réfléchir sur les places que chacun occupe dans la famille comme dans la société, au collège comme dans la projection vers le monde du travail. Ces dernières années, la présence accrue de fratries, permet d’aborder des questions de répartition genrée des rôles et l’atelier peut devenir un espace d’émancipation pour les « sœurs ». D'autre part, nous veillerons à l'équilibre des prises de parole dans la classe et à ce que chacun.e puisse s'exprimer et partager son ressenti, nous appuyant en cela sur le travail en petits groupes qui délie les langues comme les oreilles et défait les effets de potentat en vigueur. Le cinéma et sa pratique horizontale place d’ailleurs tous les participants dans une égale nudité face à l’objectif, abolissant aussi bien les sexes que les âges et autres hiérarchies.

Intégration de mesures liées à la transition écologique

Avez-vous mis en place, dans votre structure ou dans la mise en œuvre de vos projets des mesures spécifiques liées à la transition écologique ? Et comptez-vous mettre en place des mesures spécifiques dans le cadre du parcours déposé ?.
  • Pas spécifiquement. Ce projet s’inscrit sur d'autres axes. Néanmoins, les bureaux d'Addoc sont situés dans un bâtiment partagé avec d'autres associations et nous travaillons régulièrement à mutualiser nos outils pour réduire les impacts écologiques.  

Implication active de la famille dans le parcours

Les parents sont conviés à un temps de présentation et / ou aux temps forts du parcours (sorties, restitution…).
  • Ce projet étant basé sur la participation des familles, je ne gloserai pas sur leur implication mais m’attacherai à décrire ses modalités pratiques. 2 temps de présentation seront organisés tôt dans l’année. L’un pour les familles des enfants arrivés en cours d’année 2024 et déjà scolarisés dans cette classe depuis quelques mois, qui visera à leur présenter le projet, pour que ces familles choisissent un film et puissent venir le présenter avant les vacances de Noël. Un 2nd pour les élèves arrivés en septembre. La professeure titulaire de la classe, qui rencontre individuellement chaque famille à chaque nouvelle arrivée, présentera le projet et l’intervenante, en compagnie des enfants qui enregistreront cette 1ère rencontre avec leurs parents. Chacun sera alors appelé à proposer en visionnage à la classe, un film de son pays qu’il aime et qui selon lui/eux raconte quelque chose de ce pays d’origine qui lui/leur tient à cœur. Le choix du film devra se faire d’un commun accord entre l’élève et ses parents et ce choix sera motivé à l’oral lors de la discussion après la projection. Souvent, un seul membre de la famille peut se déplacer au collège et la discussion devra donc avoir été préparée par l’élève de telle sorte que les points de vue des autres membres de la famille puissent aussi être entendus. Des questions auront été préparées par les autres élèves à partir du film qu’ils auront vu précédemment, et à partir d’un travail documentaire fait avec la documentaliste. Les parents volontaires et qui savent écrire en français ou en anglais pourront nous adresser directement leurs appréciations par le biais du cahier de bord de leur enfant ou par un enregistrement sonore. Les familles qui le souhaiteraient pourront être invitées à venir voir et entendre les présentations des autres familles, ainsi qu’à participer aux sorties. Les parents seront ensuite conviés aux deux restitutions, et seront directement invités à s’exprimer à la fin de la projection.
Le parcours propose des modalités innovantes visant à favoriser l’implication et la participation des familles.
  • • Les familles seront impliquées d’une manière forte et inhabituelle. Or, souvent les familles des élèves UPE2A sont très demandeuses d’échanges avec le milieu scolaire français, qu’elles découvrent comme leurs enfants. Les familles devront choisir un film de leur pays (pas une telenovella ou un film américain qu’ils ont l’habitude de regarder) de concert avec leur enfant et en discuter avec lui, voire regarder et lui montrer des films qu’il ne connaît pas. Puis, le jeune réalisera avec la personne choisie un entretien sonore préliminaire pour dégager les problématiques soulevées par le film et choisir les axes de discussion pour le tournage lors de la présentation du film à la classe. Les interlocuteurs familiaux deviennent ainsi des personnages, des acteurs de cinéma, expérience toute nouvelle pour eux. Les éléments soulevés dans ces entretiens ou la quête de films ouvriront sur des recherches documentaires pouvant concerner aussi bien les parents. Le parent se déplacera ensuite au collège pour le tournage. S’il n’existe pas de version sous-titrée de ce film, la personne (ou l’élève qui l’a sollicitée), sera amenée à traduire, à expliquer ce que l’image seule ne donne pas. Quand le parent ne parle pas français, son enfant sera chargé de la traduction (ou un autre élève maîtrisant les deux langues et nous filmerons ce processus). Enfin, les familles participeront au choix de l’extrait qui sera incorporé au film de l’atelier. Elles seront aussi sollicitées pour proposer des images complémentaires : photos personnelles, documents historiques, objets traditionnels, plat cuisiné… Le point de vue adulte des parents sur les films permettra d'éclairer l'Histoire des pays mieux que ne le font les adolescents eux-mêmes un peu perdus dans la dimension historico-politique pourtant souvent à l'origine de leur exil. Cela occasionnera un dialogue entre parents et enfants, fort riche dans la transmission, au-delà même des intérêts propres de l’atelier et de son film.

3. Co-construction du parcours

Liens avec les différentes entrées du projet d'établissement et notamment de son volet culturel ou de son volet lié à la citoyenneté. Les axes du projet d’établissement auxquels il est fait référence sont explicités et le parcours a pour ambition de s'ouvrir à l'ensemble de l'établissement (rencontres avec d'autres classes, liens avec d'autres projets, chantiers d'étape ...).
  • Ce parcours sera mené avec les élèves du dispositif UPE2A (élèves non-francophones) Le projet d’établissement fait la part belle à l’idée que l’autonomie de l’élève se construit dans et par la pratique culturelle dans toute sa diversité. En ce sens, l’atelier proposé permettra assurément à chacun-e de se comprendre et de se raconter en utilisant les moyens linguistiques (de la langue d’origine, de la langue cible, voire d’une inter-langue) dont les élèves disposent à un moment donné de leur processus d’apprentissage de la langue française. Pour les élèves allophones, la construction de l’autonomie au sein du collège français prend parfois des chemins de traverse, des voies où l’échange entre pairs concernant les langues parlées, les épisodes vécus, les lieux vus, ont une importance majeure. Les ateliers seront certainement l’occasion de provoquer et de valoriser ces échanges d’une socialité extrêmement riche. Convaincus que la confiance en soi et l’appropriation des espaces culturels vont de pair, les intervenants, au fil des ateliers et des sorties proposées, ne manqueront pas de permettre à chaque élève de les faire s’interroger sur l’étendue et sur les pouvoirs de la narration de soi, comme du groupe. Donner par un film (et notamment par sa restitution finale) une visibilité à ce groupe de nouveaux arrivants (et à leurs familles) tendant vers l’anonymat dans la grande machine du collège est très valorisant pour eux et fortifie leur assise aussi bien dans le lieu que dans la langue.
L’Espace Numérique de Travail du collège, est-il utilisé pour faciliter l’organisation du projet et/ou comme support de communication et de valorisation ?
  • L’Espace Numérique de Travail du collège est physiquement situé au sein du CDI. Il sera tout d’abord utilisé comme plateau de tournage et lieu des énonciations, permettant en cela de sortir les élèves de leur univers quotidien d’apprentissage, la salle de classe, pour leur proposer des nouvelles mises en jeu relationnelles, entre eux et vis-à-vis des adultes. Il n’y a plus un enseignant debout qui fait face à des élèves assis, mais un groupe de travail réuni en cercle et une parole qui circule horizontalement. Le CDI accueillera régulièrement des petits groupes subdivisés, avec la cinéaste ou avec la documentaliste, pour le travail approfondi sur la matière de chacun, sa scénarisation, ses enregistrements sonores, les choix précis de montage souvent compliqués en grand groupe. L’Espace Numérique de Travail du collège sera par ailleurs utilisé comme une plateforme pour mettre en commun les journaux de bord sous la forme d’un blog de l’atelier, que le professeur et l’intervenante nourriront à leur tour autant que les élèves. Les autres professeurs impliqués dans le projet pourront ainsi avoir un accès direct aux éléments produits au fur et à mesure dans l’atelier et y contribuer tout au long de l’année par leurs propres apports. Nous souhaiterions également pouvoir mettre certaines réalisations en ligne sur des plateformes de type padlet ou drive et commencer ainsi assez tôt dans l’année à donner en écho au travail photographique un travail d’écriture associant deux élèves pour légender et scénariser. Ceux qui auront choisi de rédiger leurs textes dans leur langue maternelle se serviront des outils de traduction en ligne pour préparer la restitution qu’ils comptent faire à la caméra.
Les enseignant.es souhaitent-ils.elles s’investir dans les médias départementaux pour rendre compte des expériences et productions des élèves ?
  • NON
Liens du parcours avec les enseignements, les objectifs pédagogiques (par discipline)
  • • Le travail pluridisciplinaire que nous proposons nourrit amplement le socle commun. Nous faisons notamment une place à la littérature, qui tend parfois à perdre sa place auprès du public primo-arrivant, concentré sur l’apprentissage strict de l’outil. Mais aussi à la photographie, à la peinture, grâce aux sorties, aux analyses d’image, qui font grandir en même temps expression langagière et artistique. • L’enseignant d’histoire et d’éducation civique pourra aisément s’emparer du travail de l’atelier pour nourrir ses propres chapitres, aussi bien du point de vue des thématiques que du point de vue de la méthodologie. Cela lui permettra en outre d’aborder le sujet - actuel s’il en est - du rôle de l’image, de l’archive et des films, en particulier documentaires, dans l’historiographie d’aujourd’hui. La pluralité des histoires familiales révélée par l’atelier l’incitera à venir éclairer certains aspects de l’histoire mondiale qui ne font pas nécessairement partie des programmes obligatoires, mais qui gagnent à être mis sur le devant de l’estrade pour la cohésion du groupe, l’implication de chacun et son désir d’apprendre. Faire intervenir les familles, dans ce contexte, ce que l’atelier encourage et facilite, aide à replacer l’Histoire au centre de notre présent et fait en soi acte d’éducation civique. - L’enseignant d’arts plastiques pourra à son tour enrichir le travail de l’atelier en proposant aux protagonistes de creuser l’autoportrait avec différentes techniques et moyens d’approche, que le film associera au travail sonore. Il pourra aussi faire travailler les enfants sur la post-production des images. - La professeure documentaliste pourra aisément tirer profit du travail engagé avec les élèves afin de nourrir un atelier de lecture à haute voix. Cela sera l’occasion de découvrir le fond du CDI consacré aux récits de soi et favoriser la pratique de la lecture.

Application MICACO | Date : 21/11/2024